Joseph Reithler : un enfant de la vallée de Villé
Joseph Reithler naît le 15 mars 1907 à Saint-Pierre-Bois. Il s’investit dans la vie du village endossant à la fois le statut d’instituteur et de directeur du village mais aussi en occupant les fonctions d’organiste et de secrétaire de mairie. La place qu’il occupe dans le village témoigne de son enthousiasme pour son village et pour la vallée de Villé.
Cet engouement se retrouve aussi dans ses poèmes et en particulier dans son recueil publié en 1984 : Das Weilertal.
La vallée de Villé mise à l’honneur
Cette enfance à la campagne est déterminante pour le poète qu’est Joseph Reithler. Dans ses poèmes, il porte une attention constante à la nature qui est un motif omniprésent dans sa poétique. Il s’agit d’abord d’une nature qu’il célèbre comme dans le poème qu’il intitule « Thannweiler », soit « Thanvillé » :
Thannweiler
Das alte Grafenschloss
steht unversehrt,
Wie ein vergessen Bild
beiseite.
Noch die Giessmatten sind
begehrenswert
Für Heu und grosse
Futterweide.
Vom kleinen Weiler ist
das Tannenbild
Seit altersher nicht weit
gewichen
Es trägt den Hirsch in
seinem Wappenschild.
Schulglöcklein bimmelt,
wenn der Tag verblichen.
–
Dann stehn die Berge tannendunkel
Ringsum im weiten Bann
der Grafen
Und schauen ob tief
unterm Sterngefunkel
Die Weilertäler ruhig
schlafen.
Thanvillé
Le vieux château des
comtes se dresse intact,
A l’écart, comme un
tableau oublié.
Les prés du Giessen sont
toujours attrayants
Pour leur foin et les
grands pâturages.
Depuis toujours l’image
du sapin
Est attachée au petit
hameau,
Le cerf figure dans ses
armoiries.
La petite cloche de
l’école sonne quand le jour pâlit.
– C’est alors que les montagnes couvertes de
sapins sombres
Se dressent tout autour
dans le vaste ban des comtes
Et regardent si sous le
scintillement des étoiles
Les habitants de la
vallée de Villé dorment paisiblement.
Extrait du recueil : Das Weilertal
Dans ce poème composé de trois strophes formées de quatrains, Joseph Reithler met l’accent sur la permanence des paysages qu’il met en lien avec les habitants de la vallée créant un lien entre la nature et les hommes.
Néanmoins, ce tableau idyllique est nuancé dans d’autres de ses poèmes. En effet, un ton assez mélancolique ressort lorsqu’il fait le constat des innovations qui bouleversent les paysages qu’il a connus. Dans le poème qu’il écrit sur Albé, il loue le village pour sa tranquillité qui contraste avec les voitures qui imposent un rythme effréné. Ces changements concernent aussi la vallée de Villé. Dans le poème « Triembach-au-Val », il remet en question ce qui est communément désigné par le terme de « progrès » et qui touche peu à peu les campagnes :
Les usines rétribuent le travail servile,
-Progrès ? Infamie ?
Et les routes sont de plus en plus rapides,
A quelle fin ? Pour quel profit ?
Les hommes courent sans arrêt
Et traversent hâtivement tous ces villages – pour aller où ?
Joseph Reithler offre ainsi des poèmes qui s’inscrivent entre célébration et dénonciation : célébration d’une nature qu’il affectionne et dénonciation d’un progrès qui vient altérer celle-là. Les mots de Reithler nous proposent alors une véritable balade dans la vallée de Villé !